Métaphores

Les ressources inconscientes, citées ci-dessus seront mobilisées par exemple, par des métaphores thérapeutiques dont l’hypnose maximalise l’efficacité.

En effet, si le thérapeute peut raconter des métaphores à son patient à l’état de veille, ces récits seront vécus de façon bien plus intenses en état hypnotique en raison de l’implication émotionnelle particulièrement intense pendant la transe. Des signes physiologiques de cette implication sont apparents : larmes, transpiration, sourires, crispations, etc. Si l’on ajoute que bien souvent une amnésie spontanée ou suggérée suit ce récit, on comprend mieux que l’effet de ce travail c’est-à-dire le changement souvent rapide qui intervient dans la vie du patient étonne celui-ci, qui se demande alors ce qui a pût lui arriver…

Un exemple : une patiente âgée, ayant occupé toute sa vie à l’éducation de ses deux filles, souffrait d’un état dépressif qui nécessitait des soins depuis 25 ans. Très rapidement, elle décrit son sentiment d’infériorité par rapport à son mari plus instruit, ayant fait une carrière dans l’ administration. Elle dit son impression d’être « toute petite » à coté de lui un jour où, prostrée au fond de son lit, noyée dans ses pleurs, il est venu lui dire le discours habituel de l’entourage des dépressifs (« y’a qu’à », tu devrais, tu as tout pour être heureuse, etc.) : la taille de cet homme, debout à coté d’elle, lui donnait littéralement un « point de vue », une image du monde, qui fut utilisée dans une métaphore, celle du géant aux pieds d’argile. Dans celle-ci, un géant craint par tous se révèle être fragile, handicapé. Très rapidement, l’image que la patiente avait d’elle-même et des autres se modifia avec toutes les conséquences prévisibles que cela eu sur son état de santé, son couple et son comportement plus général (activités, look, etc.). J’ai pu vérifier que 10 ans plus tard, elle se porte toujours aussi bien, ne consomme plus de médicaments, et… ignore toujours la métaphore qui l’aida à changer.

Interrogation de l’inconscient

Ce questionnement permet de retrouver des souvenirs auxquels le conscient n’a plus accès et qui peuvent dès lors être utilement travaillés. Au delà des exemples classiques largement illustrés par Freud et regroupés sous le terme d' »abréaction », un exemple plus ponctuel et tiré de la vie de tous les jours permettra d’illustrer différemment ce propos : il apparaît que dans les moments de transe spontanée que vous et moi vivons X fois par jour, notre état de conscience est modifié en ce sens que notre niveau de vigilance est bas et notre inconscient ainsi plus exposé à des suggestions ,avec moins de défenses conscientes. Dans ces moments, une phrase d’allure banale peut « s’imprimer » aisément (d’où le terme « imprint ») et à notre insu dans notre esprit et y produire ses effets.

Un exemple : Une femme de 42 ans consulte pour une baisse importante et inexpliquée de sa vision, qui a nécessité un changement de verres de ses lunettes. Elle retrouve ,en transe,un souvenir qui date, dit elle, de deux ans. Son oculiste lui aurait alors dit: « votre vue n’a rien, mais je vais quand même vous prescrire des lunettes. Et dans deux ans, il faudra revenir pour changer vos verres ». On sait ce qui en est advenu…

Pour accepter de telles suggestions, les suivre jusque dans sa physiologie oculaire, porter des lunettes alors que sa vue est bonne, cette patiente d’un très bon niveau d’intelligence, ne pouvait disposer au moment des faits, de tous ses moyens de défense conscients…

Le travail de ce souvenir et de ses conséquences amena une amélioration rapide de sa vision.

Mais comment aurait on pût traiter cette patiente sans employer le même état de conscience modifié qui avait permis au problème de survenir ?

Autre exemple : Dans les suites d’une intervention chirurgicale qui s’est par ailleurs bien déroulée, une patiente développe un état anxieux important que rien ne parait justifier. En hypnose, elle retrouve le souvenir d’une phrase dite par l’anesthésiste au chirurgien – et combien banale en salle d’opération ! – : « dans 2 heures, ce sera fini ». Ce que cette patiente entendit dans un sens différent, celui de sa mort dans deux heures… avec les conséquences que l’on sait !

Combien de phrases d’allure banale, dénuées de toute intention de nuire, sont prononcées par des soignants qui n’imaginent pas un instant le chemin que ces phrases, ces suggestions, parcourront dans l’esprit ( puis le corps ) de celui ou celle qui les a reçues…

Lévitation – catalepsie

Les comportements idéomoteurs sont des réponses motrices à des idées suggérées: il est classique de développer ainsi des lévitations (du bras, par exemple) ou des catalepsies. Celles ci illustrent l’impact physiologique du travail de l’hypnothérapeute, ratifient l’état hypnotique et permettent d’illustrer comment celui ci peut affecter d’autres mécanismes physiologiques tels que douleur, spasme (bronchique, digestif, urologique, gynécologique, etc.), l’immunité… On comprend mieux, dès lors, l’intérêt de l’hypnose thérapeutique au niveau corporel, dans les différentes spécialités de la médecine, et pas seulement en psychiatrie.

Mémoire

Des modifications de la mémoire sont possibles en état de transe : hypermnésie, amnésie, modification d’un souvenir traumatique (accident, agression, abus sexuel, etc.).

Dans le syndrome post-traumatique ( P.T.S.D ), il est évident que le traumatisme causal (catastrophe, accident, viol, torture…) a lui-même provoqué une modification de l’état de conscience telle que la scène est vécue à un niveau qui rendra illusoire tout travail conscient ultérieur : là où le traumatisme a été vécu à un niveau d’impact essentiellement inconscient, la voie royale, l' »autoroute thérapeutique » utilisera aussi la modification de l’état de conscience, mais sur le chemin de la guérison cette fois !

Les survivants sains de ces traumatismes ont d’ailleurs utilisé – sciemment ou non – un mécanisme de dissociation hypnotique pour survivre le moins mal possible à ces sévices (voir à ce propos l’article de Gisela Perren – Klinger, paru dans la revue médicale de Suisse Romande, IIO, 77 – 8I, I99O).

Distorsion du temps

Le temps passe très vite quand vous effectuez un trajet en voiture ou en train et que votre attention n’est pas nécessaire, qu’elle peut devenir « flottante « , que vous êtes ailleurs comme on dit… Vous éprouvez dans ces moments non seulement la dissociation hypnotique (être ailleurs) mais aussi une perception du temps discordante par rapport à ce que vous dit votre montre. Le patient qui termine sa première séance d’hypnose découvre ce phénomène avec étonnement…

Le même processus sera utilisé par exemple chez les personnes qui souffrent de douleurs intermittentes (cancéreuses, migraineuses…) pour augmenter progressivement leur perception de la durée des périodes moins douloureuses et réduire leur perception de la durée des périodes douloureuses.

Modification des perceptions sensorielles

Qu’elles soient visuelles, auditives, kinesthétiques est à la base du travail de la douleur, particulièrement utilisé en clinique : pain clinique, centres des grands brûlés, médecine générale, traumatologie, etc.

Cette liste n’est pas limitative. L’apprentissage de l’auto-hypnose est aussi riche de possibilités chez les patients motivés. Elle leur permet de poursuivre leur travail hypnotique, quelque soit son objet, en toute autonomie.